janvier 10, 2021

Grossophobie VS Malbouffe

Dernière mise à jour lefévrier 5, 2021

«  Notre société crée des obèses, mais ne les supporte pas . » 

Jean Trémolière

Qu'est-ce que la grossophobie?

Dans cet article, vous retrouverez le terme de gros · se. Ce mot est utilisé pour déconstruire son sens péjoratif. 

Définition

Littéralement, on pourrait facilement croire que la grossophobie signifie la peur des gros · ses. Mais le terme n'apparaît dans le dictionnaire que depuis deux ans. En réalité, il définit l'ensemble des comportements discriminants et hostiles à l'égard de ces personnes. Le livre «Gros» n'est pas un gros mot de Daria Marx et Eva Perez-Bello met la lumière sur la lutte anti-grossophobie. Les autrices mettent en avant les discriminations dont sont victimes les personnes grosses, et permettent aux autres de déconstruire les clichés grossophobes.

Et si vous étiez grossophobe?

Si vous êtes mince, vous pouvez-être déjà dit que vous ne vouliez pas être gros · e. Les personnes grosses sont traitées avec rejet comme quelque chose qu'on voudrait surtout pas devenir. Un · e gros · se montre l'image d'une personne qui a échoué à maintenir son corps en forme. 

Alors, peut-on être gros · se et grossophobe? La réponse est oui! Estimer qu'en maigrissant une personne s'embellit et devient résolument meilleure, c'est une idée grossophobe, qu'elle s'applique à vous ou à autrui. 

Nous avons vu, être grossophobe ne signifie pas au sens littéral du terme, avoir peur des gros. Les propos discriminants les personnes grosses ne sont pas leur seul problème. Prenons l'exemple d'une personne mince ayant des troubles du comportement alimentaire. Ce dernier l'empêche de se sentir bien, malgré un corps mince. L'idée de grossir devient alors angoissante, voire obsédante. La grossophobie intériorisée est alors présente, malgré elle. Cela ne veut pas dire que cette personne est sujette à tenir des propos grossophobes envers autrui, mais que la peur de grossir est omniprésente pour elle. 

Le potentiel de dégoût des personnes envers les gros·ses renvoie également à une peur de grossir, comme si la contagion était possible.

L'obésité, une maladie de pauvre? 

De quoi parle-t-on exactement?

Au-delà d'un IMC (Indice de masse corporelle) supérieur à 30, l'obésité est une maladie plurifactorielle. Les facteurs environnementaux et comportementaux sont déterminants, bien supérieurs à la génétique.  

Plusieurs questions se posent sur les façons de manger aujourd'hui et leurs effets sur le poids et l'obésité. Les transformations alimentaires de notre société ont-elles un impact sur le développement rapide de l'obésité ? Faudrait-il changer nos habitudes alimentaires ? 

L'idée que les évolutions alimentaires pourraient être à l'origine des surpoids et de l'obésité est largement relayée dans la presse spécialisée et par le corps médical. Rééduquer le mangeur moderne devrait restaurer de meilleures habitudes alimentaires, comme manger trois repas par jour sans grignotage. 

Cependant, l'abondance alimentaire ne doit pas masquer les nouvelles formes de précarité. Les personnes exclues que l'on voit, comme les sans domiciles fixes, ne sont pas les seules à ne pas pouvoir manger autant qu'ils le désirent. Les problèmes de la modernité alimentaire ne sont donc pas pour tout le monde des problèmes de surabondance.

L'impact de la classe sociale

Nous le savons, l'obésité est représentée de manière différenciée dans l'échelle sociale. Il serait ainsi évident de croire que les classes populaires, ayant moins de ressources, sont les plus sujettes à l'obésité. Or, il y a plusieurs nuances. 

Dans notre société développée, la croissance de l'obésité est expliquée par nos modes de vie sédentaires et à la nourriture en abondance. La première revue de littérature portant sur le statut socio-économique et l'obésité a été réalisée par Sobal et Stunkard en 1989. Pour vous dire à quel point cette corrélation ne date pas d'hier. 

L'alimentation et la sédentarité (mode de vie caractérisé par une fréquence faible de déplacement) n'est pas la seule en cause. En effet, le modèle d'esthétique corporelle de la minceur a un plus grand impact sur les hommes et les femmes des classes sociales moyennes et supérieures. Ils pratiquent ainsi plus intensément le sport et les activités physiques d'entretien. 

Pour les enfants de 3 à 5 ans, la distribution de l'obésité est représentée de façon aléatoire dans les positions sociales. La tendance est inversée pour les filles entre 12 et 15 ans, on retrouve ainsi une surreprésentation des adolescentes obèses en bas de l'échelle sociale. Pourquoi cette inversion à cet âge et principalement chez les jeunes filles ? Souvenez-vous, nous parlions de l'impact des diktats de la minceur qui pousse les classes sociales plus aisées à pratiquer du sport plus intensément. L'influence du statut socio-économique des parents pourrait être alors à l'origine de la différence des pratiques physiques pour les jeunes filles selon leur classe sociale 

Ces différentes études ont été réalisées dans les années 90. Aussi vieilles soient-elles, nous avons que cela influe sur l'environnement social et sociétal est plus important pour les jeunes filles. De nombreux épidémiologistes expliquent ces résultats par la plus grande importance accordée aux femmes à la santé et aux représentations sociales. 

En septembre 2019, Santé Publique France publie les résultats de l'étude «Esteban» et montre que les populations les plus instruites sont moins représentées dans les cas d'obésité. La sédentarité progresse toujours en France, mais les femmes sont toujours les plus concernées, leur activité physique ayant baissé de 16% en 10 ans. 

Cette vision de l'obésité reste cependant incomplète car elle réduit le problème à la sédentarité et à l'abondance de nourriture. L'obésité est une pathologie multifactorielle, ne l'oublions pas.


Comment les gros sont-ils perçus?

Le gros, client officiel des chaînes de restauration rapide

L'inconscient collectif imagine toujours le·a gros·se comme client·e officiel·le des chaînes de Fastfood. Les personnes grosses sont très marginalisées à notre époque. La culture de la Junk Food (Équivalent anglais du terme Malbouffe) dresse un portrait peu favorable pour ces personnes. Elles sont constamment associées à la malbouffe, comme si elles avaient fait le choix d'être obèse. Ou, être obèse n'est pas un choix. Vous avez sans doute déjà pensé, en voyant une personne obèse manger son BigMac, qu’elle aurait dû prendre une salade. Alors que ce burger est peut-être le seul qu’elle s’autorise dans l’année. Ces remarques pseudo bienveillantes que l'on se fait ne fait qu'augmenter la culpabilité et l'agacement des personnes grosses. 

Daria Marx et Eva Perez-Bello, les autrices de «Gros» n'est pas un gros mot , font la lumière sur les remarques grossophobes, qu'on les dise à voix haute ou qu'on les pense seulement: « si le gros mange un hamburger, on le regardera d'un air méprisant; si le gros mange une salade, on le félicitera de ses efforts, ou on le soupçonnera de se goinfrer en cachette… ». Tout le monde se pense alors nutritionniste expert de l'obésité. Et vous ?

Une discrimination ordinaire?

L'obésité, considérée par bon nombre d'entre nous comme une carence de la volonté, contribue à développer l'intégralité de la discrimination. Les gros·ses portent le poids des regards posés sur eux. Et quoi qu'on en dise, les avis comptent souvent. La pression sociétale envers les personnes obèses est d'autant plus importante à notre époque. Les normes pondérales (relatives au poids) actuelles ne sont que des représentations. 

Les internautes de certains réseaux sociaux tentent d'inverser la tendance en luttant contre la grossophobie, le mouvement body positive en est l'exemple. Pourtant, ces réseaux mêmes sociaux ont longtemps contribué, et contribuent toujours, à complexer les corps qui n'entrent pas dans les normes de notre société. 

Malgré une discrimination ambiante pour les deux sexes, les femmes sont plus sujettes à la grossophobie que les hommes. Les injonctions à la féminité et à la beauté le montrent bien. Le calendrier éditorial des magazines féminins s'articule autour des périodes estivales où la perte de poids doit être un point d'honneur. Maigrir avant l'été, perdre les kilos après les fêtes de fin d'année… Mais que celui qui n'a jamais péché jette la première pierre. L'injonction à la minceur donne les standards de beauté et favorise la discrimination systémique.



Sources :

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